Historique

La Maison-Dieu de Mormant a été fondée à l’époque de la première Croisade (1095-1099) par Hugues Bardoul II de Broyes-Châteauvillain, seigneur d’Arc-en-Barrois et autres lieux. C’est à l’origine un hôpital-église de chemin placé sous le contrôle spirituel de l’évêque de Langres, confié à une communauté de chanoines sous la règle de Saint Augustin, afin de « recevoir les pèlerins et secourir les pauvres ».

Mais après un siècle d’existence, des difficultés obligent l’autorité ecclésiastique à tenter plusieurs fois de réformer la règle de cette Maison-Dieu, sans succès. C’est pourquoi en 1300, la maison de Mormant, « ruinée tant au spirituel qu’au temporel », est confiée à l’Ordre des Templiers par le Pape Boniface VIII, afin d’y restaurer la vie matérielle et spirituelle. Mais par suite de l’arrestation en 1307 des Templiers dans tout le Royaume, la maison de Mormant est confiée aux Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem. Ils ne la quitteront (sous l’habit des chevaliers de Malte) qu’à l’époque de la Révolution.

Pendant la Guerre de Cent ans (1337-1453), les Hospitaliers occupant la maison de Mormant isolée et mal protégée, abandonnent le site pour Leffonds, tout en continuant d’assurer le service paroissial des colons de Leffonds à Mormant. A cette occasion, l’accueil et le soin des pauvres et des pèlerins est définitivement abandonné à Mormant.

A la fin du XV°siècle, les troubles s’estompant, les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem reviennent sur le site ruiné de Mormant, ou ils entreprennent une grande campagne de reconstruction et de transformation des bâtiments. A cette occasion, l’ensemble du site est fortifié par une ceinture de remparts avec Maison forte (le palais abbatial), et une vaste église est construite à l’extérieur contre l’enceinte, qui servira également d’église paroissiale pour les colons de Leffonds jusqu’ en 1514. L’ensemble du site est désormais transformé en un vaste centre agricole de rapport de l’Ordre de Malte.

Très affaiblie par les troubles des XVI° et XVII°siècles, la « Maison de Mormant » verra ses bâtiments tomber rapidement en ruines. Ils seront vendus sous la Révolution en plusieurs lots comme Bien national.

Passablement défiguré par les péripéties de l’histoire, le site de Mormant avec deux bâtiments d’origine, est aujourd’hui un des sites majeurs de l’histoire des hôpitaux de chemin en France.

(« Morment » vient du latin Mollimentum qui signifie adoucissement, soulagement.)